L’ancien Premier ministre congolais, Augustin Matata Ponyo, a été condamné ce mardi 20 mai 2025 à dix ans de travaux forcés pour détournement de fonds publics, dans le cadre du projet agro-industriel de Bukanga Lonzo. La décision de la Cour constitutionnelle, rendue au terme d’un procès hautement médiatisé, intervient alors que les tensions entre institutions politiques et judiciaires s’exacerbent. Deux de ses co-prévenus : Déogratias Mutombo, ex-gouverneur de la Banque centrale, et Christo Grobler, dirigeant d’Africom, ont écopé de cinq ans de prison.
Ce projet, initié sous le régime de Joseph Kabila pour atteindre l’autosuffisance alimentaire, s’est transformé en scandale financier. “Les fonds ont été décaissés sans suivi, sans impact visible sur la production agricole”, avait conclu l’Inspection Générale des Finances, alors que la cour constitutionnelle a estimé que Matata et ses coaccusés avaient orchestré le détournement de plus de 285 millions de dollars.
Mais, cette condamnation dépasse le simple cadre judiciaire. L’affaire ravive des tensions entre la justice et le pouvoir législatif. Le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, a dénoncé une entorse à la Constitution. “Il ne revient pas à la Cour constitutionnelle de passer outre une protection garantie par la loi”, a-t-il déclaré, en référence à l’immunité parlementaire de Matata, devenu député. Pour la Cour, “l’immunité protège la fonction, non la personne”, et la procédure ayant débuté avant son élection, elle pouvait se poursuivre.
De son côté, Augustin Matata Ponyo crie à la persécution politique. “Ce dossier est réactivé chaque fois que le régime veut élargir sa majorité”, a-t-il accusé dans une vidéo. Il estime que cette condamnation vise à l’éloigner du jeu politique, rappelant qu’on l’a empêché de lancer son parti, le LGD, et que le procès refait surface alors qu’un dialogue politique se profile.
L’ancien Premier ministre a également pointé du doigt une justice à géométrie variable. “En 2021, la cour constitutionnelle s’était déclarée incompétente sous Dieudonné Kaluba. Aujourd’hui, elle change de position”, a-t-il déploré, indiquant que Kaluba, un brillant constitutionnaliste, a été évincé pour avoir résisté à la pression politique. La condamnation de Matata pourrait ainsi reconfigurer les rapports de force à l’approche de nouvelles échéances politiques.
Rédaction
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