Dans un entretien exclusif avec France 24, Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix et défenseur infatigable des victimes de violences en République démocratique du Congo (RDC), livre une analyse sévère à l’égard de l’ancien président Joseph Kabila. Selon lui, ce dernier qui vient d’annoncer son retour d’exil, adopte une posture ambiguë face au Rwanda en ne désignant pas clairement Kigali comme un agresseur dans le conflit qui oppose les deux pays.
Le discours de Joseph Kabila à l’égard de Paul Kagame, président rwandais, est, pour Denis Mukwege, un signal fort : « Joseph Kabila n’a pas dénoncé le président rwandais comme agresseur. Il y a des signes qui ne trompent pas », a-t-il laissé entendre. Parmi ces signes, l’ancien chef de l’État congolais est notamment revenu au pays via la ville de Goma, située à la frontière avec le Rwanda. « Il est entré par le Rwanda », souligne Mukwege, suggérant une certaine connivence.
L’est de la RDC, et en particulier la région du Nord-Kivu, demeure un foyer majeur de tension et d’instabilité depuis plusieurs décennies. La reprise récente des hostilités avec le groupe armé M23, soutenu par Kigali, qui a pris le contrôle de Goma en janvier, illustre cette fragilité chronique. Denis Mukwege dénonce un échec sécuritaire profond : « L’externalisation de la sécurité congolaise » nuit gravement à la stabilité du pays.
Cependant, le retour de Joseph Kabila en RDC suscite beaucoup d’interrogations, notamment quant à ses motivations réelles et son positionnement face à Kigali. Pour Denis Mukwege, ce retour pourrait renforcer une forme d’alliance tacite avec le Rwanda, alors que le Congo fait face à des défis sécuritaires et humanitaires majeurs.
Fondateur en 1999 de l’hôpital Panzi à Bukavu, Denis Mukwege connaît parfaitement les ravages de ce conflit, notamment sur les populations civiles. Des dizaines de milliers de femmes et enfants victimes de violences sexuelles y ont été pris en charge, soulignant l’ampleur des souffrances causées par les conflits armés dans l’est du pays.
Au-delà des enjeux sécuritaires, Denis Mukwege exprime aussi une déception politique et morale à l’égard de la classe dirigeante congolaise. Après sa candidature à l’élection présidentielle de 2023, il déplore « la corruption d’un pays où très peu de gens peuvent dire ‘non merci’ devant un billet ». Cette situation fragilise encore davantage l’État et limite les possibilités de changement.
Cédric Kalombo
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