Depuis plus de deux semaines, les habitants de la commune de Bulongo, située sur l’axe Beni-Kasindi, assistent impuissants à la destruction massive de leurs champs par des éléphants sortis du Parc National des Virunga. L’absence de réaction des autorités inquiète les communautés locales déjà fragilisées par l’insécurité persistante.
Dans l’espace Mayelé, à seulement 4 km de Bulongo, plus de dix champs agricoles ont été complètement détruits par des éléphants. Ces pachydermes, qui auraient quitté leur habitat naturel dans le Parc National des Virunga à la recherche de nourriture, saccagent sur leur passage des cultures vitales pour les populations locales : cacaoyers, bananeraies, tomates, aubergines, maïs et manioc.
Ce phénomène n’est pas nouveau. Plusieurs incidents similaires ont été signalés ces dernières années dans le secteur Ruwenzori, sans qu’une solution durable ne soit apportée.

« Les éléphants quittent régulièrement le parc à cause du rétrécissement de leur habitat naturel et du manque de zones tampons entre les aires protégées et les habitations », explique un écologiste basé à Beni.
Meleki Mulala, coordonnateur de la Nouvelle Société Civile Congolaise (NSCC) dans le secteur de Ruwenzori, dénonce l’inaction des responsables de l’ICCN, pourtant chargés de la gestion du parc :
« Depuis deux semaines, les cultivateurs lancent des alertes. Mais aucune mesure de dissuasion ou de protection n’a été mise en place. Cela montre un désengagement inquiétant de la part de l’ICCN secteur Nord. La population demande maintenant une implication directe du gouverneur militaire pour sauver ce qui peut encore l’être. »
Ce type de conflit homme-faune a des conséquences économiques graves dans une région déjà en proie à la pauvreté et aux violences armées. Les pertes agricoles, estimées à plusieurs millions de francs congolais, privent des familles entières de leurs seules sources de revenu et de nourriture. Certaines victimes évoquent même la possibilité de quitter leurs terres.
Des solutions urgentes et durables attendues
Face à la récurrence de ces incidents, plusieurs observateurs suggèrent la mise en place de mécanismes d’alerte communautaires, la construction de barrières physiques écologiques (comme des clôtures électriques ou des haies répulsives), ainsi que le développement de zones tampons cultivées avec des plantes répulsives aux éléphants.
La société civile plaide également pour l’indemnisation des victimes et l’ouverture d’un dialogue entre l’ICCN, les autorités locales et les agriculteurs, afin de prévenir l’escalade des tensions.
Il sied de noter que le Parc National des Virunga, classé patrimoin mondial de l’UNESCO, est l’un des plus riches en biodiversité en Afrique, mais il fait face à de nombreux défis, notamment le braconnage, l’exploitation illégale des ressources et les conflits d’usage du sol.
Justin Mupanya, correspondant à Beni
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