Lac Édouard : entre pillage halieutique et menaces pétrolières, Badilika tire la sonnette d’alarme

Le lac Édouard, situé à la frontière entre la République Démocratique du Congo et l’Ouganda, fait face à une crise environnementale croissante. Dans un message rendu public ce mardi, l’organisation Badilika Droits Humains alerte sur la dégradation inquiétante de ce plan d’eau, en raison de la pêche illégale, de la corruption, de la présence de groupes armés et d’un projet d’exploitation pétrolière.

Du côté congolais, malgré la présence d’unités navales censées contrôler l’activité lacustre, les pratiques de pêche illégale se multiplient. Badilika accuse certains agents publics de tolérer, voire de faciliter, l’utilisation de filets non réglementaires et la circulation d’équipements prohibés. Un système organisé de production et de commercialisation de ces outils interdits serait en place, porté par des réseaux mafieux actifs dans les zones riveraines.

La situation est particulièrement préoccupante dans les zones sous contrôle du mouvement rebelle M23, où la pêche industrielle illégale aurait pris de l’ampleur. Des témoins signalent quotidiennement des embarquements de poissons et d’alevins depuis les plages ougandaises vers ces territoires, en dehors de tout contrôle officiel. L’espèce Mvuandu, très prisée localement, est particulièrement ciblée, ce qui pourrait menacer à terme la régénération naturelle du lac.

Badilika dénonce également le risque d’un désastre écologique si le projet de mise en vente des blocs pétroliers dans et autour du lac venait à se concrétiser. Pour l’organisation, l’exploitation d’hydrocarbures dans ce bassin mettrait gravement en péril la biodiversité aquatique, les moyens de subsistance des communautés riveraines, et la santé publique.

Selon l’ONG, le lac Édouard ne peut être réduit à une zone d’intérêt économique ou militaire. Il constitue une ressource vitale pour des dizaines de milliers de familles et un maillon clé de l’équilibre hydrique de la région. Son rôle dans le réseau des Grands Lacs, notamment à travers le fleuve Semliki qui le relie au lac Albert, confère à sa protection une importance stratégique régionale.

Dans ce contexte, Badilika appelle les autorités congolaises à renoncer à tout projet d’exploitation pétrolière dans le bassin du lac Édouard et à suspendre immédiatement les procédures de mise en vente des blocs concernés. L’organisation demande également une réforme structurelle de la gouvernance des ressources naturelles, afin de garantir une gestion transparente, durable et équitable.

L’appel de Badilika s’adresse aussi aux partenaires internationaux et aux acteurs de la société civile, invités à renforcer leur vigilance et leur engagement pour empêcher la destruction d’un écosystème aussi fragile qu’indispensable. Il ne s’agit pas simplement de préserver un lac, mais de défendre une source de vie, de paix et de stabilité pour l’Est du Congo.

Justin Mupanya, correspondant à Beni

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