Patrick Muyaya répond à Paul Kagame

Les relations déjà tendues entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont pris une tournure encore plus virulente après les déclarations du président rwandais, Paul Kagame, le 16 janvier dernier.

S’exprimant devant des diplomates à Kigali, Kagame a mis en doute la légitimité des victoires électorales du président congolais Félix Tshisekedi en 2018 et en 2023, tout en l’accusant d’être à l’origine des tensions entre les deux pays. Une réaction ferme de Kinshasa ne s’est pas fait attendre.

Des critiques cinglantes sur la scène internationale

Lors de son discours, Paul Kagame a affirmé que Félix Tshisekedi n’a « jamais été élu » lors des deux dernières élections présidentielles en RDC.

« Cet homme n’a jamais été légitimement élu, et tout le monde le sait. Pourtant, personne n’ose en parler publiquement », a-t-il déclaré.

Kagame a également accusé Tshisekedi de provoquer les conflits persistants entre Kinshasa et Kigali, en particulier dans l’Est de la RDC, une région déchirée par des affrontements entre groupes armés.

La réponse de Kinshasa : un rejet catégorique des accusations

Patrick Muyaya, Ministre congolais de la Communication et Médias et porte-parole du gouvernement, a vivement réagi aux propos du président rwandais. Dans une série de déclarations publiées sur les réseaux sociaux notamment, Muyaya a qualifié les déclarations de Kagame de « diarrhée verbale » et d’« élucubrations ».

« Au Rwanda, les élections se déroulent à vases clos, l’opposition est réduite au silence, la presse muselée, et la répression constitue une stratégie de campagne », a-t-il écrit.

Il a également dénoncé les accusations de Kagame comme une tentative de diversion pour masquer les problèmes internes au Rwanda et son implication dans le soutien à des groupes armés opérant en RDC.

Des attaques personnelles et politiques

Patrick Muyaya a également accusé Paul Kagame d’avoir « enfilé son rôle de blablateur pour amuser son audience ». Il a exhorté le président rwandais à cesser toute ingérence en RDC, reprenant les paroles du Pape François en déclarant : « Ôtez vos mains de la RDC ! »

Dans sa riposte, Muyaya n’a pas manqué de souligner les violations des droits humains au Rwanda, accusant Kagame de détourner l’attention des véritables problèmes de son régime.

Un contexte de tensions persistantes

Les relations entre la RDC et le Rwanda sont depuis longtemps marquées par des rivalités politiques et des accusations mutuelles. Kinshasa reproche à Kigali son soutien au groupe rebelle M23, actif dans l’Est de la RDC, tandis que Kigali accuse la RDC de complicité avec des groupes hostiles au Rwanda.

Ces échanges acrimonieux interviennent alors que des efforts de médiation régionale et internationale tentent d’apaiser les tensions. Cependant, les propos récents des deux camps risquent de compliquer davantage les négociations.

Vers une escalade ou un apaisement ?

Les accusations réciproques et la guerre médiatique entre les deux dirigeants illustrent la profondeur de la crise. Alors que la communauté internationale tente de jouer un rôle de médiateur, la stabilité dans la région dépendra de la capacité de ces deux pays à dépasser leurs différends et à privilégier le dialogue.

En attendant, l’escalade verbale entre Kinshasa et Kigali laisse entrevoir des relations toujours plus hostiles, renforçant les défis sécuritaires et diplomatiques dans la région des Grands Lacs.

Justin Mupanya, depuis Beni

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