Goma sous tension : La cheffe de la Monusco face au défi de l’AFC-M23

Bintou Keita, cheffe de la Mission des Nations Unies en RDC (Monusco), a foulé le sol de Goma ce mercredi 11 juin 2025, une ville méconnaissable, tombée sous l’emprise des rebelles de l’AFC-M23. Son déplacement, qualifié de haut risque par des sources onusiennes concordantes, s’inscrit dans une mission délicate : évaluer l’efficacité des contingents de la Monusco déployés en territoire insurgé et, peut-être, ouvrir une porte discrète à la médiation.

L’AFC-M23, dont l’emprise sur le Nord-Kivu ne cesse de s’étendre, représente un défi crucial pour la stabilité régionale. Alors que les pourparlers de paix stagnent, certains observateurs voient dans cette visite le signal d’un dialogue informel en gestation.

Ce déplacement fait écho à celui de l’ancien président Joseph Kabila, qui s’est récemment rendu dans cette même ville. Si leurs objectifs diffèrent, leur présence successive souligne une réalité troublante : le contrôle territorial des groupes armés impose une forme de légitimité de facto face à un État congolais en retrait.

Alors que la Monusco est sous le feu des critiques et que son retrait progressif est à l’étude, Bintou Keita semble vouloir réaffirmer l’engagement onusien. Mais sur le terrain, les défis restent immenses : protéger les civils pris en étau, coordonner les efforts avec les FARDC et répondre aux pressions internationales pour une solution durable.

Les réactions à cette mission s’annoncent contrastées. Certains y verront une reconnaissance implicite de l’autorité rebelle, d’autres un espoir fragile de désescalade. Dans les couloirs des Nations Unies, on mise sur l’influence de Mme Keita pour relancer des négociations au point mort. Reste à savoir si cette initiative pourra infléchir la dynamique du conflit ou ne sera qu’un symbole éphémère dans une crise sans fin.

Alors que le sort du Kivu est sous les projecteurs internationaux, l’action de la Monusco à Goma pourrait ouvrir—ou refermer—des portes décisives. Le pari est risqué, dans une région où chaque geste diplomatique peut bouleverser l’équilibre précaire entre guerre et paix.

Justin Mupanya, correspondant à Beni

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