Chaque 17 mai, le Congo se souvient. Cette journée n’est pas qu’un rappel historique. Elle est l’hommage vibrant rendu à des hommes et des femmes qui, parfois dans le silence, souvent dans le sang, défendent l’âme d’une nation. Les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ne sont pas seulement une institution militaire. Elles sont l’expression vivante du courage, de la résilience et du patriotisme congolais.
De la Force Publique à une Armée Républicaine
L’histoire des FARDC plonge ses racines dans l’époque coloniale avec la Force Publique, bras militaire du pouvoir belge. À l’indépendance en 1960, elle devient l’Armée Nationale Congolaise (ANC), puis les Forces Armées Zaïroises (FAZ) sous Mobutu.
Mais les sécessions, les mutineries et les guerres déchirent le tissu militaire congolais. Ce n’est qu’en 2003, après la Deuxième Guerre du Congo, qu’émergent officiellement les FARDC, issues du brassage de forces antagonistes. Ce nouveau départ marque une rupture avec un passé douloureux, et une volonté de bâtir une armée républicaine.
Des Victoires Mémorables
Depuis leur création, les FARDC ont mené des opérations d’envergure sur des terrains hostiles, souvent dans l’ombre mais non sans gloire.
- Goma, 2013 : En quelques jours, les FARDC, épaulées par la MONUSCO, reprennent la ville aux mains du M23. Une victoire célébrée dans tout le pays.
- Beni, 2020 : Une unité sous le commandement du colonel Jean-Pierre Banza déjoue une attaque massive des ADF contre plusieurs villages, sauvant des centaines de civils.
- Rumangabo, 2022 : Les FARDC repoussent une coalition rebelle soutenue par des forces extérieures. Un soldat amputé témoigne :
« Ce jour-là, j’ai vu mes frères tomber un à un, mais personne ne voulait reculer. On défendait notre terre. »
Des Civils Témoignent : Une Présence qui Sauve
Maman Jeanne Kavira, commerçante à Oïcha (Nord-Kivu), n’oubliera jamais :
« Quand les rebelles ont attaqué, c’est grâce aux militaires que nous avons pu fuir. Ils sont restés pour couvrir notre fuite. Je les considère comme mes enfants. »
Samuel Lushika, enseignant en Ituri, se souvient :
« En 2021, ils sont arrivés juste à temps pour empêcher un massacre. Ils nous ont protégés, puis aidés à relancer l’école. Ce sont de vrais héros. »
Des Soldats Témoignent : Servir avec Honneur
Sergent-chef Didier Mbuyi, vétéran de la guerre de Beni :
« Nous ne faisons pas ce métier pour être applaudis. On le fait par amour du pays. On passe des semaines sans voir nos familles. Mais protéger la population, c’est notre devoir sacré. »
Lieutenant Grâce Luboya, femme officier déployée à Bunia :
« Il n’y a pas de différence entre homme et femme quand il s’agit de défendre la patrie. J’ai porté des blessés sur mes épaules. J’ai perdu des amis. Et je continuerai à me battre pour que nos enfants vivent en paix. »
Des Héros Tombés, Mais Présents dans la Mémoire Collective
- Général Mamadou Ndala, assassiné en janvier 2014, demeure l’un des plus grands symboles de l’armée moderne. Charismatique et discipliné, il avait redonné confiance à ses hommes.
- Capitaine Joséphine Bula, première femme officier décorée à titre posthume, est morte les armes à la main en 2021. Son dernier message fut : « Nous tiendrons la position, quoi qu’il en coûte. »
- Major Kuliumbwa, tombé à Eringeti en 2018, avait sécurisé un centre de santé pour évacuer des enfants avant de retourner au combat. Il ne survivra pas à l’attaque suivante.
Une Armée en Mutation
Les FARDC ne sont pas figées. Elles se réforment. Plusieurs initiatives illustrent cette transformation :
- Création d’écoles militaires professionnelles modernes ;
- Intégration croissante des femmes dans les unités et le commandement ;
- Coopérations avec d’autres armées africaines pour renforcer capacités techniques et logistiques.
Le 17 Mai : Une Journée de Reconnaissance
Ce jour marque la fin du régime de Mobutu, mais il est désormais célébré comme la Journée des FARDC. Dans les écoles, les églises, les places publiques, la population rend hommage à ceux qui tombent pour la paix.
Ce matin, lors de la cérémonie officielle, le Président de la République, Chef suprême des armées, a déclaré :
« La Nation ne peut pas grandir sans une armée forte. Et une armée ne peut être forte sans le soutien de son peuple. Aujourd’hui, nous célébrons ceux qui défendent notre avenir. »
L’Engagement Comme Héritage
Les FARDC ne sont pas parfaites. Mais elles avancent. Chaque soldat incarne une part du rêve républicain. Chaque victoire est un pas vers la stabilité. Chaque sacrifice est une graine d’honneur pour les générations à venir.
Vive les FARDC ! Vive les héros de la Nation ! Vive la République Démocratique du Congo !
Justin Mupanya, correspondant à Beni
