Les combattants d’autodéfense connus sous le nom de Wazalendo, alliés des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), rejettent vigoureusement les propos tenus par le chef d’état-major général de l’armée ougandaise, le général Muhoozi Kainerugaba, qu’ils qualifient de provocation.
Dans un message publié sur son compte X le week-end dernier, peu après une mission officielle à Kinshasa, le fils du président ougandais Yoweri Museveni a annoncé que l’armée ougandaise allait « traquer les Wazalendo », qu’il considère comme une « force négative ».
Une déclaration mal accueillie à l’est de la RDC
La réaction des Wazalendo ne s’est pas fait attendre. Dans une déclaration rendue publique, les combattants actifs dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu dénoncent une position hostile de la part du haut commandement ougandais.

« Ces genres de propos viennent de ceux qui participent au complot contre la RDC. Si vous suivez les posts de Muhoozi depuis le début de l’agression jusqu’à nos jours, ça prouve qu’il joue la carte du Rwanda », peut-on lire dans leur communiqué.
Les Wazalendo, également appelés Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP), demandent au gouvernement congolais de rompre l’accord militaire bilatéral avec l’Ouganda, signé en 2021, et qui autorise la présence de troupes ougandaises sur le sol congolais dans le cadre d’opérations conjointes contre les rebelles de l’ADF (Forces Démocratiques Alliées).
Les Wazalendo, une force devenue incontournable
Créée comme une initiative populaire d’autodéfense face à la progression du M23 et d’autres groupes armés, la mouvance Wazalendo regroupe divers miliciens patriotes, parfois mal équipés, mais fortement implantés au sein des communautés locales.
Ces groupes ont été reconnus de facto comme alliés des FARDC par les autorités congolaises dans la lutte contre l’agression soutenue par le Rwanda. Leur rôle sur les lignes de front, notamment au Nord-Kivu, a permis de ralentir certaines avancées rebelles, bien que leur statut juridique et leur discipline militaire fassent encore débat au sein de l’opinion.
La sortie du général ougandais pourrait donc s’interpréter comme une remise en cause de la stratégie de défense intérieure de la RDC face aux menaces externes.
Inquiétudes de la société civile
Du côté de la société civile de Butembo, la déclaration du général ougandais suscite également des préoccupations. Son président, Mathe Saanane, redoute un durcissement des tensions entre les deux pays voisins et plaide en faveur de la concertation.

« Traquer, ça va compromettre les relations. Je crois au dialogue. Le dialogue, c’est une arme efficace qui résout le problème », a-t-il déclaré.
D’autres voix locales estiment que la coopération militaire RDC-Ouganda est minée par des ambitions géopolitiques divergentes entre Kampala et Kinshasa, notamment concernant la gestion des ressources minières et le contrôle des zones frontalières instables.
Un partenariat militaire de plus en plus fragile
L’intervention de l’armée ougandaise en RDC, initialement saluée comme une réponse conjointe à l’expansion des ADF dans l’Ituri et le Nord-Kivu, a progressivement suscité des réserves. Certaines ONG et observateurs accusent l’Ouganda de poursuivre des intérêts économiques sous couvert d’intervention militaire, notamment dans les zones aurifères.
La dernière rencontre bilatérale entre les armées congolaise et ougandaise, tenue le 21 juin à Kinshasa, s’était pourtant conclue par la volonté affichée de renforcer la coordination des opérations contre les groupes armés, laissant espérer une stabilité progressive dans les zones affectées.
Cependant, les propos du général Muhoozi viennent assombrir ce climat de coopération, et pourraient compromettre les efforts diplomatiques en cours.
Une crise de confiance à surveiller
Alors que les tensions sécuritaires persistent à l’est de la RDC, cette nouvelle friction avec un allié stratégique comme l’Ouganda pourrait fragiliser davantage les dispositifs militaires congolais, déjà confrontés à la complexité du terrain et à l’enchevêtrement d’acteurs armés.
Pour certains analystes, seule une clarification du rôle des Wazalendo au sein de l’appareil sécuritaire national, ainsi qu’une réévaluation des accords de défense régionaux, permettraient d’éviter une escalade diplomatique et militaire dans la région des Grands Lacs.
Justin Mupanya, correspondant à Beni
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