Joseph Kabila critique la gouvernance de Félix Tshisekedi et alerte sur la crise en RDC

Dans une interview exclusive accordée au média sud-africain Sunday Times, l’ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, a rompu un long silence pour dénoncer la gouvernance de l’actuel chef de l’État, Félix Tshisekedi. Il a dressé un tableau alarmant de la situation politique, sécuritaire et humanitaire en RDC, appelant à une solution globale pour résoudre une crise qu’il qualifie de « multidimensionnelle ».

Joseph Kabila, qui a dirigé la RDC de 2001 à 2019, a vivement critiqué les dérives autoritaires du régime de Tshisekedi. Il a notamment évoqué les élections de décembre 2023, qu’il qualifie de « truquées » et organisées en violation du cadre juridique et des normes internationales.

Selon lui, ces élections ont renforcé l’illégitimité du pouvoir en place, réduit artificiellement le poids de l’opposition et fait du président Tshisekedi « le maître absolu du pays ».

« Il s’agit d’un recul démocratique majeur », a-t-il déclaré, dénonçant l’intimidation, les arrestations arbitraires, les exécutions sommaires et l’exil forcé de politiciens, journalistes et leaders d’opinion. « Ces pratiques sont devenues des traits caractéristiques de la gouvernance de Tshisekedi », a-t-il ajouté.

L’ancien président a insisté sur le caractère multidimensionnel de la crise en RDC, qui ne se limite pas, selon lui, aux affrontements avec le groupe armé M23 ou aux tensions avec le Rwanda.

« La crise en RDC remonte à 2021 et est à la fois sécuritaire, humanitaire, politique, sociale, morale et éthique », a-t-il expliqué.

Il a également mis en garde contre les tentatives de résolution de la crise qui ignorent ses causes profondes.

« Toute tentative de trouver une solution à cette crise qui ignore ses causes profondes, à commencer par la gouvernance de la RDC par sa direction actuelle, ne pourra pas apporter une paix durable », a-t-il affirmé.

Joseph Kabila a également interpellé la communauté internationale, en particulier l’Afrique du Sud, sur son rôle dans la crise congolaise. Il a critiqué l’envoi de troupes sud-africaines pour soutenir le régime de Kinshasa, qualifiant cette décision de « soutien à une dictature ».

« Le monde observe attentivement si l’Afrique du Sud connue pour son humanisme et ses valeurs continuera d’envoyer des troupes en RDC pour soutenir un régime tyrannique et combattre les aspirations du peuple congolais », a-t-il déclaré.

Pour Joseph Kabila, la résolution de la crise nécessite une approche globale qui va au-delà des solutions militaires. Il a souligné l’importance de prendre en compte les griefs de la population congolaise et de rétablir un dialogue politique inclusif.

« La crise nécessite une solution globale, pas uniquement la contribution de troupes et de matériel militaire. Cela revient à gaspiller des ressources précieuses au soutien d’une dictature, au lieu d’aider la RDC à avancer vers la démocratie, la paix et la stabilité », a-t-il insisté.

L’ancien président a également évoqué le rôle de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) dans la résolution de la crise. Il a appelé l’organisation régionale à tirer les leçons de l’histoire de ses États membres et à prendre en compte les revendications légitimes du peuple congolais.

« Compte tenu de l’histoire de ses États membres, la SADC devrait savoir mieux. Les griefs du peuple congolais contre son gouvernement doivent être pris en compte », a-t-il déclaré.

Joseph Kabila, qui vit en exil en Afrique du Sud depuis plusieurs années, a ainsi rompu le silence pour alerter sur la gravité de la situation en RDC. Ses déclarations, qui résonnent comme un appel à la communauté internationale et aux acteurs régionaux, soulignent l’urgence d’une solution politique inclusive pour rétablir la paix et la stabilité dans un pays en proie à des défis multiples.

Justin Mupanya

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