Disparition du journaliste Kasereka Wango Taipa à Bunia : une voix majeure du journalisme congolais s’éteint

Le monde médiatique congolais est frappé par une perte douloureuse : Kasereka Wango Taipa, surnommé « Patriote », a tiré sa révérence dans la nuit du 21 au 22 mai à Bunia, chef-lieu de l’Ituri. Journaliste respecté et engagé, il s’était imposé comme l’une des figures marquantes de la couverture des conflits dans l’Est de la République Démocratique du Congo.

Arrivé à Bunia pour assister aux funérailles d’un membre de sa famille, le journaliste a été victime d’un malaise sévère, quelques heures seulement après son arrivée. Malgré une prise en charge médicale rapide, il n’a pu être sauvé, selon des sources hospitalières locales.

Kasereka Taipa exerçait à la Radio Télévision Muungano (RTM) à Oicha, dans le territoire de Beni (Nord-Kivu). Il était reconnu pour la qualité de ses enquêtes et son professionnalisme exemplaire. Sa couverture rigoureuse des opérations militaires Sokola 1 lui avait valu le respect de ses pairs et de nombreux auditeurs. Par ses reportages percutants et son engagement sans faille, il s’était imposé comme une référence dans le traitement des questions sécuritaires.

La nouvelle de sa mort a profondément ému la communauté journalistique. À Beni, la section locale de l’Union Nationale de la Presse du Congo (UNPC) a salué la mémoire d’un journaliste « engagé, intègre et épris de vérité ». Plusieurs hommages spontanés sont venus de la société civile, des autorités locales et du monde politique, soulignant l’influence qu’a exercée Taipa au fil des années.

Son décès survient dans un climat sécuritaire particulièrement difficile pour les professionnels des médias dans l’Est du pays. Selon l’ONG Journaliste en Danger (JED), plus de 500 atteintes à la liberté de la presse ont été documentées depuis 2019, avec de nombreux cas de violences, d’enlèvements et d’intimidations, notamment en Ituri, où Taipa a trouvé la mort.

Ce drame rappelle l’urgence de renforcer la protection des journalistes dans les zones à risque. En février dernier, une campagne conjointe de l’UNPC et de l’ONG Benevolencia à Beni avait mis en lumière le rôle crucial de la presse dans la lutte contre la désinformation et la construction de la paix en période de conflit.

La disparition de Kasereka Wango Taipa laisse un vide immense, mais son héritage demeure : celui d’un homme dévoué, passionné par son métier, et profondément attaché aux valeurs de vérité et de justice.

Ses funérailles auront lieu dans les jours à venir, en présence de sa famille, de ses confrères et de nombreux citoyens attristés. En attendant, la presse congolaise lui rend un vibrant hommage, reconnaissante envers celui qui, jusqu’à son dernier souffle, a incarné le courage et la dignité dans l’exercice du journalisme.

Justin Mupanya, correspondant à Beni

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