Le ciel gris de ce 15 avril 2025 n’annonçait pas que la pluie. Une alerte sanitaire vient d’ébranler la province du Nord-Kivu, à l’est de la République Démocratique du Congo : l’anthrax, ou fièvre charbonneuse, a été détecté. Le gouverneur provincial, Evariste Kakule Somo, n’a pas tardé à briser le silence pour tirer la sonnette d’alarme.
Dans un message adressé à la population, il a parlé sans détour :
« Une maladie dangereuse et meurtrière, issue du sol que nous foulons chaque jour, a fait son apparition. L’anthrax tue les animaux, mais elle tue aussi les hommes. »
Longtemps redoutée dans les milieux ruraux, cette infection bactérienne ne fait pas dans la discrétion. Le Bacillus anthracis, sa bactérie responsable, peut rester en sommeil pendant des années dans l’environnement. Et lorsqu’elle se réveille, elle frappe vite, souvent sans prévenir.

La maladie trouve souvent ses premières victimes chez les bêtes, chèvres, bovins, moutons, avant de se transmettre à l’être humain par simple contact avec une carcasse, par la viande mal cuite ou même par l’air chargé de spores invisibles.
Chez l’homme, les signes ne trompent pas. Une fièvre soudaine, des douleurs diffuses, des troubles intestinaux ou des lésions noires sur la peau : autant d’indices que quelque chose ne tourne pas rond. La forme respiratoire, plus rare mais bien plus redoutable, peut plonger un patient dans une détresse vitale en quelques heures.
Mme Prisca Luanda Kamala, conseillère du gouverneur en charge de la santé, exhorte la population à la prudence :
« Si vous remarquez des signes suspects, n’attendez pas. Dirigez-vous immédiatement vers le centre de santé le plus proche. »
C’est dans les zones rurales, là où la cohabitation entre l’homme et l’animal est quotidienne, que la vigilance doit être maximale. Les autorités recommandent de ne manipuler aucun animal malade ou mort à mains nues, de bien cuire toute viande consommée et de signaler rapidement tout cas suspect.
Des équipes médicales sillonnent déjà le terrain, des laboratoires ont été mobilisés et des dispositifs d’alerte communautaire sont activés.
Pour l’instant, les chiffres restent flous. Ni le nombre de cas ni les localités les plus affectées n’ont été précisés. Mais l’urgence est là, bien réelle. Et le mot d’ordre est clair : prévenir pour ne pas subir.
La province du Nord-Kivu n’en est pas à sa première crise. Mais chaque alerte sanitaire est une épreuve à surmonter ensemble. Les autorités appellent à une mobilisation sans faille de tous les acteurs, leaders communautaires, personnel médical, habitants, pour freiner la progression de cette maladie sournoise.
Justin Mupanya, depuis Beni