RDC : Des défis majeurs rencontrés par les radios de l’Est
Dans les provinces orientales de la République Démocratique du Congo (RDC), marquées par des conflits armés persistants, les radios locales jouent un rôle indispensable en diffusant des informations «cruciales» aux communautés. Cependant, leur fonctionnement est lourdement entravé par de nombreux défis, allant des attaques ciblées à la pénurie de ressources financières et techniques.
Les radios communautaires et locales sont souvent la seule source d’information fiable pour des milliers de personnes vivant dans des zones reculées, alors que les réseaux sociaux demeurent inondés par des fake news. Elles diffusent des nouvelles sur la sécurité, les mouvements des groupes armés, les alertes humanitaires et les programmes éducatifs, etc.
Pour de nombreux observateurs, ces radios représentent un lien vital avec le monde extérieur.
«Quand les combats éclatent, c’est la radio qui nous dit où aller pour nous mettre en sécurité. Sans elle, nous serions complètement perdus», témoigne Jeanine Mukunda, une habitante de Masisi, région souvent touchée par les violences.
Malgré leur importance, les radios de l’Est de la RDC affrontent des obstacles considérables. Les infrastructures endommagées par les combats, les fréquentes coupures d’électricité et le manque d’équipements modernes, facteurs qui compliquent essentiellement leur fonctionnement.
En outre, les journalistes et techniciens travaillent dans des conditions périlleuses, exposés à des risques d’enlèvement, d’intimidation, voire pire. En 2024, plusieurs stations ont dû fermer temporairement après des attaques directes par des groupes armés.
«Ils veulent empêcher la diffusion d’informations qui pourraient les compromettre. Nous sommes constamment sous pression», explique Patrick Mwenga, journaliste à Radio Ushikira, basée à Beni.
Outre les défis sécuritaires, les radios locales souffrent d’un manque chronique de financement. Les annonceurs publics et privés sont rares dans ces zones instables et les subventions internationales, bien que vitales, sont souvent insuffisantes et irrégulières.
«Nous fonctionnons au jour le jour. Sans soutien, nous risquons de disparaître», confie Albert Kambale, directeur de Radio Maendeleo à Bukavu.
Malgré ces difficultés, les acteurs des médias de la région continuent de lutter pour maintenir leurs activités. Des organisations internationales comme l’UNESCO et Reporters sans frontières (RSF) fournissent un soutien technique et financier à quelques-unes, mais les besoins restent énormes.
«Les radios locales sont un pilier de la résilience communautaire. Investir dans leur survie, c’est investir dans la paix et le développement de la région», souligne Docteur Franck Mweze, expert en médias à Goma.
Dans l’Est de la RDC, les radios locales jouent un rôle crucial, elles sont des bouées de sauvetage pour des populations confrontées à la violence et à l’incertitude. Leur préservation et leur renforcement nécessitent une attention urgente de la part des autorités congolaises et de la communauté internationale car, sans elles, des milliers de personnes risquent de sombrer dans l’isolement et l’ignorance, aggravant encore une situation humanitaire déjà critique.